L'eau, la Pierre, la Vigne...
Maison du chevalier d'éon
Le chevalier d’Éon résidait, lors de ses séjours à Tonnerre, dans cette maison familiale et paisible. C’est d’ailleurs entre ces murs qu’il est assigné à résidence entre 1779 et 1785, avec obligation de porter des vêtements de femme. Jusque-là, il avait pourtant glorieusement servi le pays en tant que diplomate auprès des cours étrangères. Mais il commet l’irréparable en révélant des secrets d’État. Il meurt à Londres en 1810. Les médecins légistes, lors de l’autopsie, tranche une fois pour toute ce mystère : le chevalier d’Éon est bien un homme.
Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d’Éon de Beaumont, dit le « chevalier d’Éon » (5 octobre 1728 à l’hôtel d’Uzès, Tonnerre – 21 mai 1810 à Londres) est un auteur, diplomate et espion français.
Il est resté célèbre pour son habillement qui le faisait passer pour une femme. À sa mort cependant, il fut reconnu par un concile de médecins comme de sexe masculin et parfaitement constitué.
Charles d’Éon de Beaumont est le fils de Louis d’Éon de Beaumont, avocat au Parlement de Paris ayant fait fortune dans le commerce du vin en étant directeur des domaines du roi, et de Françoise de Charanton, fille d’un commissaire général des guerres aux armées d’Espagne et d’Italie.
D’Éon raconte dans son autobiographie, Les Loisirs du chevalier d’Éon de Beaumont, qu’il est né « coiffé », c’est-à-dire couvert de membranes fœtales, tête et sexe cachés, et que le médecin de la ville a été incapable de déterminer son sexe.
Jeunesse
Il naît à Tonnerre, où son père de petite noblesse est élu maire. Il y commence ses études, puis, en 1743, les poursuit à Paris chez son oncle, au collège Mazarin, où il obtient un diplôme en droit civil et en droit canon en 1749 ; il a alors vingt et un ans. Dans la lignée de sa famille de noblesse de robe, il s’inscrit comme avocat au Parlement de Paris le 22 août 1748.
Il montre également des talents en équitation et en escrime.
Il publie en 1753 plusieurs Considérations historiques et politiques. L’ouvrage est remarqué, et le jeune homme se crée un réseau de relations, au nombre desquelles le prince de Conti, cousin du roi Louis XV, qui le nomme censeur royal pour l’Histoire et les Belles-Lettres.
Carrière
Sollicité, Charles d’Éon est recruté dans le « Secret du Roi », cabinet noir de Louis XV, qui mène une politique en parallèle des conseils officiels ; le prince de Conti, le maréchal de Noailles, Beaumarchais, M. de Tercier en font également partie. Il est aussitôt dépêché à la Cour de Russie comme secrétaire d’ambassade en juin 1756, alors que débute la guerre de Sept Ans, pour obtenir de la tsarine Élisabeth une alliance avec la France.
Il racontera plus tard, dans la publication romancée de ses Mémoires, y avoir été « lectrice » de la tsarine sous le nom de Lia de Beaumont.
La tsarine se serait alors rendu compte du déguisement et aurait tenté de « consommer », mais il serait resté « mou » et aurait été traité de fou. En fait, le poste n’existait pas à la cour de Russie, et l’histoire n’apparaît qu’à l’époque où il est en Angleterre. À la cour russe, la tsarine donnant des bals costumés où l’on inversait les rôles – les hommes devaient être vêtus en femmes et les femmes en hommes –, d’Éon prend sans doute plaisir à se travestir, sa faible corpulence lui permettant de mystifier tout le monde.
Il est de nouveau à Saint-Pétersbourg comme secrétaire d’ambassade de 1758 à 1760. Il porte le texte du traité d’alliance au roi à Versailles, où il arrive deux jours avant le courrier dépêché par la tsarine. Le roi le récompense en lui donnant un brevet de capitaine de dragons en 1760. D’Éon participe aux dernières campagnes de la guerre de Sept Ans, où il est blessé.
Il quitte l’armée en 1762 pour redevenir agent secret.
D’Éon est ensuite envoyé à Londres en 1762, où il collabore, en tant que « secrétaire de l’ambassade de France pour la conclusion de la paix générale » auprès de l’ambassadeur, le duc de Nivernais, à la rédaction du traité de paix de Paris, qui sera signé le 10 février 1763. Sa grande habileté diplomatique et la subtilisation des documents préparatoires au traité, alors que la France est vaincue par l’Angleterre qui veut s’emparer de tout l’empire colonial français, lui valent d’être décoré de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, l’une des plus grandes distinctions du temps.
Parallèlement, d’Éon est chargé par le Secret du Roi de la composition d’un plan d’invasion de la Grande-Bretagne, plus précisément d’un projet de descente sur l’Angleterre et le Pays de Galles, dont il a reconnu les côtes avec le marquis Carlet de la Rozière. Il est nommé ambassadeur par intérim lorsque le duc de Nivernais, malade, retourne à Paris. Dans l’attente d’un nouvel ambassadeur, il mène un train de vie fastueux, dont Choiseul, le ministre des Affaires étrangères, finit par ne plus vouloir que l’on assume les dépenses.
À l’arrivée du nouvel ambassadeur, le comte de Guerchy, d’Éon en devient le secrétaire en tant que ministre plénipotentiaire. Les deux hommes ne parviennent pas à s’entendre. L’estime du roi lui semblant acquise, et tandis qu’il est redevenu secrétaire après avoir été ministre, d’Éon accepte difficilement les remarques de son supérieur, qu’il juge incompétent. Une guerre ouverte se déclare alors à l’ambassade de France, deux camps se forment, et une guerre de libelles voit le jour.
Le 4 novembre 1763, Louis XV demande l’extradition du chevalier, mais la législation anglaise l’interdit. Redevenu simple particulier, d’Éon, par provocation, continue à se rendre à l’ambassade de France et, en 1764, il divulgue des secrets d’État et une partie de sa correspondance personnelle, étant prêt à saborder sa carrière afin de discréditer Guerchy et de faire chanter le roi, en révélant notamment l’ordre de mission pour le débarquement. Le conflit est marqué par plusieurs procès devant la Cour de sa Majesté britannique. Au cours de l’un d’eux, un témoin surprise accuse l’ambassadeur de France d’avoir tenté d’empoisonner son ex-secrétaire lors d’un repas8. Le dernier procès, en septembre 1767, donne raison au chevalier d’Éon, qui poursuit alors son métier d’espion et perçoit à nouveau sa pension. Devant comparaître à l’un de ses nombreux procès mais n’ayant ni avocat, ni témoins, il préfère se dérober et se déguiser en femme, et il se réfugie chez un ami. En fait, disgracié et tombant dans l’oubli depuis qu’il a abandonné le chantage, il éprouve le besoin de provoquer en se travestissant en femme et de répandre la rumeur qu’il a toujours été une femme6.
Sexe
Satire du duel d’escrime entre « Monsieur de Saint-George et Mademoiselle la chevalière d’Éon de Beaumont » à Carlton House le 9 avril 1787. Gravure de Victor Marie Picot basée sur l’œuvre originale de Charles Jean Robineau
Sa prétendue folie alimente les arguments de Treyssac de Vergy et d’Ange Goudar, deux hommes de plume aux ordres de l’ambassadeur. La rumeur se fait persistante, alimentée par l’attitude équivoque, non-conformiste du chevalier. Son changement de sexe n’y est pas non plus étranger. De fou, on le prétend hermaphrodite, puis femme. Les Britanniques réalisent de nombreuses caricatures du chevalier qu’ils baptisent Épicène d’Éon. Ils vont même jusqu’à ouvrir des paris sur son sexe : un parieur traînant en justice un autre parieur, le tribunal, avec de faux-témoins et en l’absence d’Éon, le reconnaît comme femme. Ce changement de sexe et ce travestissement supportent plusieurs interprétations, interprétations freudiennes (névrose, délire narcissique, schizophrénie, etc.) comme des lectures purement politiques ou stratégiques.
À cette même époque, d’Éon est en liaison avec le libelliste français Charles Théveneau de Morande. En 1775, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais est envoyé à Londres par le roi de France Louis XVI pour récupérer auprès du chevalier d’Éon la correspondance échangée avec le feu roi Louis XV (notamment ses projets de débarquement et les Mémoires de Mme du Barry écrites par Théveneau de Morande). Après maintes péripéties, une transaction de plus de vingt pages est conclue entre eux deux qui stipule notamment la remise intégrale des documents et que la chevalière ne quittera plus jamais ses vêtements féminins, se faisant désormais appeler Mlle Éon. En échange de quoi la rente viagère lui était accordée. Les négociations ont duré quatorze mois.
D’Éon quitte Londres le 13 août 1777 et se présente à la Cour en capitaine de dragons. Une ordonnance est prise le 27 août 1777 par le roi Louis XVI qui, par vengeance ou parce qu’il croyait que c’était vraiment une femme, lui donne ordre « de quitter l’uniforme de dragons qu’elle continue à porter et de reprendre les habits de son sexe avec défense de paraître dans le royaume sous d’autres habillements que ceux convenables aux femmes » : habillé par Rose Bertin aux frais de Marie-Antoinette, il est présenté à la Cour en robe à panier et corset le 23 novembre 1777. Il devient la coqueluche de la capitale mais voulant participer à la guerre d’indépendance des États-Unis, il se rhabille en dragon. Arrêté le 20 mars 1779, il est exilé à Tonnerre où il se résout à s’occuper de son domaine familial.
Fin de vie
En 1783, le roi le laisse revenir à Paris. En novembre 1785 muni d’un passeport, il regagne la Grande-Bretagne où le propriétaire londonien de son appartement lui réclame ses loyers alors qu’il ne bénéficie plus de sa rente. Bien qu’ayant accueilli favorablement la Révolution française et proposé à l’Assemblée nationale de conduire une unité d’Amazones, il perd en effet sa pension. La déclaration de guerre du 1er février 1793 et de lourdes dettes le contraignent à demeurer sur le sol britannique7. Il se retrouve dans une demi-misère, doit survivre par des duels en escrime et vendre sa bibliothèque en mai 1791. Il est finalement recueilli par une dame britannique de son âge, la veuve Mrs Mary Cole. Il continue de se battre en escrime, toujours en habits de femmes (gardant une agilité malgré une forte corpulence), jusqu’à l’âge de 68 ans. Il est gravement blessé lors d’un dernier duel en août 1796 : il est blessé par un fleuret qui casse et qui lui transperce le poumon.
En 1804, il est emprisonné pour dettes ; libéré, il signe un contrat pour publier une autobiographie mais est paralysé à la suite d’une chute due à une attaque vasculaire. Grabataire, il vivra encore quatre ans dans la misère, avant de mourir, à Londres, le 21 mai 1810 à l’âge de 81 ans.
En effectuant la dernière toilette de la défunte, on découvre avec stupéfaction que cette vieille dame… est un homme. Le chirurgien M. Copeland accompagné de dix-sept témoins, membres de la Faculté médicale de la Grande-Bretagne déclare dans un rapport médico-légal11, le 23 mai 1810 : « Par la présente, je certifie que j’ai examiné et disséqué le corps du chevalier d’Éon en présence de M. Adair, de M. Wilson, du père Élysée et que j’ai trouvé sur ce corps les organes mâles de la génération parfaitement formés sous tous les rapports »12.
Le chevalier d’Éon, habillé quarante-neuf ans en homme et trente-deux en femme, est enterré au cimetière de la paroisse Saint-Pancrace, dans le comté de Middlesex.
Présentation et Historique de Tonnerre
Tonnerre apparaît à l’époque romaine sous le nom de Tornodurum, « forteresse ». Pour les Lingons, elle était le capitale du Pagus tornodorensis. Ici, sur la vallée de l’Armançon, s’est créé le Comté de Tonnerre, qui a servi de point de passage entre Paris et Dijon, à l’époque où le roi de France avait des visées sur le duché de Bourgogne. [lire la suite]
Mairie de Tonnerre
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